04/08/2015

Ted Joans




Ted Joans voulait que sa vie ressemble à un poème. Il tint parole jusqu’au bout.

Il était né à Cairo, Illinois, en 1928. Il découvrit le surréalisme dans son adolescence en lisant des magazines que sa grand-mère rapportait de la maison où elle était employée. Il se lance de front dans la peinture, la trompette et la poésie.

Ted Joans est arrivé à New York City en 1951. A Greenwich Village, il devient rapidement une figure de la scène Beat. Très impliqué dans le milieu du jazz, il connaissait personnellement tous les musiciens qui comptaient, de Thelonius Monk à Dizzy Gillespie, de Miles Davis à Cecil Taylor, qui était un ami proche. Il avait l’habitude de dire : « Le jazz est ma religion et le surréalisme mon point de vue. »
Il a vécu dans une chambre minuscule au 4 Barrow St. Il n’y avait de place que pour un seul lit et pas beaucoup plus. Lorsque son voisin, Ahmed Basheer, un proche de Charlie Parker, dut quitter sa piaule, il emménagea chez Ted Joans et, avec lui, arriva génial saxophoniste. Ils occupaient la chambre chacun à leur tour. Bird ne rentrait jamais avant 3 ou 4 h du matin. Lorsqu’il arrivait, les deux autres devaient se lever pour le laisser dormir.

Un jour le Village Voice eut l’idée saugrenue de lancer l’opération « Louez un Beatnick » pour les soirées branchées. Ted Joans a participé à ces parties et c’est, dit-on, ainsi qu’il a pu payer son billet de bateau pour la France.
Parmi les nombreux endroits que Ted pratiquait, il y avait le Café Bohemia et le Café Caravan, où il participait, le dimanche soir, à des soirées de lecture de poésie. Autre endroit qui lui était habituel, l’Artist’s Studio, un centre de jazz et de poésie, où l’on retrouvait Kerouac et les Beats. A un moment donné, il a vécu dans les combles au 12 Astor Place. Il avait l’habitude, avec Kerouac, d’acheter une bouteille d’alcool et de la boire en chemin avant d’arriver au Five Spot, un club où les boissons étaient trop chères pour eux. En 1956, il a ouvert un appartement-galerie, baptisé The Galerie Fantastique, au 108 St. Mark’s Place. Un endroit très connu pour ses parties, qu’aimaient fréquenter les artistes et écrivains bohèmes.

En 1961, il décide de s’exiler à Paris dans l’idée de saluer le fondateur du surréalisme qu’il admirait tant. Il peut en effet rencontrer André Breton, qui lui tend les bras et reconnaît en lui « le seul surréaliste noir américain ».

Ensuite, Ted Joans n’a cessé de voyager, en Europe, en Amérique du Nord et en Afrique, qu’il a sillonnée en stop ou à pied, à partir de Tombouctou où il avait ses habitudes et où il est souvent revenu. Il est mort à Vancouver en 2003.
B.S.









Afrique

Afrique je garde ta mémoire
Afrique tu es en moi
Mon futur est ton futur
Tes blessures sont mes blessures
Les blues funky que je concocte
sont noirs comme toi – Afrique
Afrique ma patrie
Afrique mon pays
Bien que je ne l’ai pas choisi
Afrique toi seule peut me rendre libre
Afrique où les rhinocéros vadrouillent
Où j’ai appris 
Avant que l’Amérique ne devienne mon domicile
A swinguer, non pas comme un singe mais dans mon âme
Afrique tu es riche de tes mines d’or
Afrique je vis et j’étudie pour toi
Et par toi je serai libre
Un jour je reviendrai voir
Ma terre mère, où un dieu noir m’a créé

Afrique, mon Afrique, continent libre, comme il se doit


La Vérité

Si tu vois 
un homme
dans une rue au milieu de la foule
parler tout haut
à lui-même
ne l'écoute pas
mais cours vers lui
car c'est un POETE!

Tu n'as rien à craindre
d'un poète
sinon la VERITE

(traduit par B. Sourdin)




"Double Trouble". Dédicace de Ted Joans, à Paris, rue des Petits-Champs, été 92. Le rhinocéros rit encore plus fort.

Coup de coeur
J'aime beaucoup le témoignage de première main de Yuko Otomo, qui, avec son compagnon, le poète new yorkais Steve Dalachinsky, a très bien connu Ted Joans:
http://www.arteidolia.com/teducated-yuko-otomo#sthash.aAD4oq5A.dpbs

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