22/12/2018

Les voyages de Jack Micheline




Où que j’aille


Où que j’aille je vois la beauté
Arbres illuminés
Lumières de la ville dans la nuit
Je voudrais embrasser tous ces inconnus
Mais il y a trop de vacarme
Les hommes s’entretuent
J’en ai marre de voir toutes ces gueules tristes
Arrêtez cet engrenage imbécile
Tous les êtres sont sacrés
Une épine me déchire la gorge
Je sens le parfum d’une rose
Où que j’aille je vois la beauté

1958



L’amour bat du tambour dans le ciel

Etourdi
Il pose ses pieds sur un nuage
L'homme à la cicatrice marche au soleil
un après-midi à Berkeley
L'amour bat dans le coeur et dans l'oeil
L'amour bat du tambourin
L'amour bat une banane
L'amour bat jaune dans le soleil
L'amour bat un singe
L'amour bat une lune orange
L'amour bat sur un chemin sauvage
L'amour bat jaune
L'amour bat le désespoir des jeunes
et des moins jeunes
L'amour bat un farfadet de toutes les couleurs 
avec une laisse
L'amour bat sur la terre
L'amour bat ceux qui se cachent en prison
L'amour bat sur le mur de l'hôpital
L'amour bat dans un asile
L'amour bat la tour de Dublin
L'amour bat sur le pont de Brooklyn
L'amour bat dans un train de nuit vers Coney Island

5 septembre 1987
San Francisco, Californie



Voyages

J’ai un boulot à faire à Frisco
J’ai un cheval à monter à Reno
J’ai un poème à écrire à Boston
J’ai une route à traverser
J’ai un rêve à visiter
Sous le regard d’un aigle
Qui tournoie dans le ciel au-dessus des cités

J’ai une copine dans l’Ohio
Je me balade sur une route du Kansas
Je rêve dans un train de marchandise du Texas
Que mon ami Warren n’est pas mort
Dans un bar de Manhattan
J’ai rencontré une cowgirl du Mexique dans une gare routière Greyhound
J’ai une cour à arpenter à Folsom
J’ai une chanson à chanter en Chine
J’ai une chanson à chanter en Chine
J’ai un poème à lire en Russie
J’ai un ciel très rouge au-dessus de Fresno
J’ai une herbe bleue dans le Kentucky
J’ai un pic de montagne à Boulder
J’ai une jolie fille qui me chante des chansons dans le Montana

Et je sais que tout le monde me dira
Que je suis trop désinvolte
Que le shérif va me rattraper
Et le diable me briser
Comme j’en ai de la chance
D’être libre et léger
A tournoyer dans le ciel
Avec un regard d’aigle au-dessus des cités

J’ai un cri de joie qui m’appelle à La Nouvelle Orléans
J’ai un coyote dans le Wyoming
J’ai un pommier à Spokane
J’ai un millier de routes à traverser – à traverser
J’ai une cour à arpenter à Folsom
J’ai une chanson à chanter en Chine
J’ai un poème à lire en Russie
J’ai un ciel très rouge au-dessus de Fresno
J’ai une herbe bleue dans le Kentucky
J’ai un pic de montagne à Boulder
J’ai une jolie fille qui me chante des chansons dans le Montana

J’ai un boulot à faire à Frisco
J’ai un cheval à monter à Reno
J’ai un poème à écrire à Boston
J’ai une chanson à chanter en Chine
J’ai un poème à lire en Russie
J’ai une route à traverser
Sous le regard d’un aigle
Qui tournoie dans le ciel au-dessus des cités

J’ai un boulot à faire à Frisco
J’ai un cheval à monter à Reno
J’ai un poème à écrire à Boston
J’ai un ciel très rouge au-dessus de Fresno
J’ai une herbe bleue dans le Kentucky
J’ai un coyote dans le Wyoming
J’ai une jolie fille qui me chante des chansons dans le Montana
J’ai un millier de routes à traverser – à traverser
Dieu vous bénisse tous – à traverser

(traduit par B.S.)




Jack Micheline
Un poète de rue. Né à New York, dans le Bronx. Compagnon nocturne de Kerouac à Greenwich Village à la fin des années 1950. S'est établi, au début des années 1960, à San Francisco où il est devenu une des figures de la bohème locale. Il a publié une vingtaine de recueils, parfois simplement ronéotypés.  C’est un véritable écrivain underground, un proche de la Beat Generation. Il est mort en 1998 à San Francisco d’un infarctus.



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