02/02/2023

Paroles maories du Grand Nuage Blanc


Manuel Van Thienen est traducteur. Passionné par la littérature des peuples indigènes de tous les continents, il veut donner une voix en français à ceux qui ont été bafoués - et qui continuent de l’être - par les colonisateurs européens. La traduction est son combat et, pour ses lecteurs, son travail est un choc énorme.

 

Manuel Van Thienen.

En 1988, il a fondé une association qu’il a appellée « Sur le dos de la tortue ». Pendant 10 ans, il se consacre à la publication d’une revue qui explore les territoires littéraires des Amérindiens, Aborigènes, Papous et Maoris, « tous victimes de la loi du plus fort ». 28 numéros sont sortis.

 

En 2017, il sort une Anthologie de la poésie amérindienne (1) : 127 auteurs contemporains des États-Unis et du Canada, choisis et traduits par ses soins. Formidable livre, à la fois enthousiasmant et douloureux, qui révélait les paroles de peuples vivants et dynamiques, loin du cliché du bon sauvage en voie de disparition.

 

Et, cette année, il nous entraîne à Aotearoa, le nom maori de la Nouvelle-Zélande, qui signifie littéralement « La Grand Nuage Blanc ». Avec Sonia Pratti, ils ont traduit 70 auteurs contemporains traitant, dans leurs poèmes, « des luttes incessantes contre l’envahisseur européen » et qui entendent bien maintenir leurs traditions. « Les cultures autochtones, souligne Manuel Van Thienen, sont laminés par la religion du plus fort, le monothéisme, grand pourfendeur des animismes et autres croyances faisant la part belle au respect de la nature. »

 

« Nous sommes la vase

nous sommes la tache de rouille

rincés

lessivés

trop insignifiants pour qu’on s’en souvienne

 

sans voix, sans visage

nous sommes les laissés pour compte »

(Phil Kawana)

 


Pour le monde des colonisateurs, il n’y a qu’une chose qui compte : faire du profit, piller les ressources, raser les forêts, si c’est un moyen de gagner de l’argent, « ce dieu aveugle de l’Occident ». Le fait que des hommes vivent dans cette nature magnifique depuis des milliers d’années n’a aucune importance pour eux.

 

« Vous avez volé nos territoires

vous ne pouvez pas régir nos âmes

l’européanisation est notre ennemi mortel

Nous la défions et nous y opposons »

(Saana Murray)




Pour Manuel Van Thienen, les peuples premiers sont l’avenir de l’humanité : 

« Quand la civilisation occidentale sera effondrée, pense-t-il, ce seront ces peuples du futur qui permettront à l’espèce humaine de reconstruire le monde. »

 

« Donne-nous les arts précieux de nos ancêtres, 

les sculptures, les dessins et les motifs, les histoires

et les chants traditionnels

Permet à ceux de cette génération d’essayer

de les combiner avec les talents

que nous avons dans le monde changeant d’aujourd’hui

Donne-nous ton plus grand cadeau, aroha (l’amour),

dans toutes ses acceptions 

Il apportera la paix, la bonne volonté, l’amitié parmi les peuples

et nous sortira du monde des ténèbres et de l’ignorance

pour nous faire entrer

dans la lumière de la connaissance et de la compréhension. »

(Wiremu Kingi Kerekere)

 


Cette anthologie, Manuel l’a dédiée à sa fille Maëlle Van Thienen, qui a décidé de s’installer dans l’île du Nord d’Aotearoa et d’y fonder une famille.

 

Bruno SOURDIN.

 


(1)  Editions Maison de la poésie Rhône Alpes/Le Temps des Cerises.

 


 Aotearoa, anthologie de la poésie maori contemporaine, Editions de la Tortue (Sur le Dos de la Tortue, 590 chemin du Sert, Le Sert, 07520 Lafarre.

http://surledosdelatortue.free.fr

 







***

 



Quatre poètes maoris

 

Arapeira Hineira Blank

 

Le temps du rêve

 

Quand tu te sens

l’âme pesante

le ventre noué

le cœur lourd,

cherche les bras de quelqu’un,

et si personne ne vient,

regarde en toi

 

respire calmement,

écoute la musique

du silence,

étend-toi immobile, flotte

sur un velours noir

jusqu’à ce que ton corps

baigne dans le calme,

déroule lentement ton rêve apaisant.

 

Imagine que tu vins

en ce monde

sur un nuage de soie fine

rouge-orangé, chatoyant

avec l’aurore, flottant

vers une terre humide de rosée,

qui se réchauffe avec toi

emplit son peuple d’espoir

pour la paix spirituelle,

maintenant

et pour toujours.

 

Le soleil se lève

le soleil se couche 

Le soleil se lève.

 

He ra ka whiti

he ra ka to

He ra ka whiti.

 

 

*

 

Apirana Taylor

 

Haka

 

Quand j’entends le haka

je le ressens dans mes os

et dans mon wairua (âme)

l’appel de mes tipuna (ancêtres)

flashe comme un éclair

le long de mon échine

me fait rouler les yeux

et claquer la langue

c’est la danse

de la terre et du ciel

du soleil levant

et du séisme

c’est le premier souffle de vie

eeeee aaa ha haaaa

 

 

*

 

Abigail McClutchie

 

Va dans les montagnes

 

Va dans les montagnes

ainsi tu sera purifié

par les vents de Tawhirimatea (dieu des vents)

et tu seras libre.

 

Va à l’océan

ainsi tu ressentiras la paix

du chant de Hinemoana (déesse de la mer)

et tu sera inspiré.

 

Va dans la ngahere (forêt)

ainsi tu sera revitalisé

par l’énergie de Tane Mahuta (dieu de la forêt)

et tu sera transformé.

 

Va vers la source intérieure

ainsi tu pourras entendre le pouvoir

et l’essence intérieure

et tu seras illuminé

 

car je suis la Puissance divine en toi

TE AO MARAMA (le monde de la lumière).

 

 

*

 

Paula Kora

 

Te aute te whawhea

(quand règne la paix, même l’écorce fine n’est pas perturbée par le vent)

 

C’était en ce temps du rêve

non plus la nuit mais pas l’aube encore

les mers immobiles et les vents

attendant de naître

des lèvres des dieux célestes

 

C’était en ce temps du rêve

que je sentis ses mains toucher mes cheveux

et son doux baiser

mouiller mon front tourmenté

de ces doigts experts

elle massa ma tête

avec une tendresse

que je ne peux décrire que comme de l’amour

Et je laissai la vague

de son esprit flottant

déferler sur les douleurs tenaces

dans mon corps

 

TE AUTE TE WHAWHEA

 

me murmura-t-elle

dans ce temps du rêve

alors que ce n’était plus la nuit

mais pas l’aube encore

 

(Traduit de l’anglais et du maori par Manuel Van Thienen et Sonia Protti)

 

 

 

 

 

 

 

10/01/2023

Pradip Choudhuri, le vagabond céleste de la Génération affamée

Pradip Choudhuri.

Avec sa revue « Pphoo », Pradip Choudhuri, le poète du Bengale, a été, à partir des années 1960, un intermédiaire obstiné entre les poètes modernes indiens et les écrivains américains et européens de la contre-culture. Un pont solide et infatigable entre l’Orient et l’Occident. Il est mort le 25 avril 2021 dans un hôpital de Calcutta (aujourd’hui Kolkata), emporté par l’épidémie de Covid-19. Il avait 78 ans.

Avec Gori, son épouse.




Sreemanti Sengupta est une jeune écrivaine bengali et éditrice d’une surprenante revue en ligne « The Odd Magazine ». Elle a bien connu Pradip. Voici ce qu’elle dit de lui, admirative : « Il était mon héros personnel pour bien plus que des motifs poétiques. Vers la fin de sa vie, il était devenu presqu’aveugle et moi, je luttais contre une myriade de maladies, y compris un grave problème oculaire. La dernière fois que je lui a parlé, je lui ai demandé de m’écrire quelque chose sur Lawrence Ferlinghetti, le poète-éditeur de San Francisco. Mais il m’a répondu que ses jours étaient comptés. Il m’a dit, ce qu’il m’a toujours dit: « Je pense à toi, nous sommes des compagnons d’infortune, acceptons, ne résistons pas à la souffrance. » Son énergie va terriblement me manquer. Je vais essayer, chaque jour, de me souvenir de sa présence, celle d’un homme brillant, devenu aveugle.  Pradip Da, j’espère que là-haut ils ont du vin rouge et les bidis dont tu as besoin (1). »


Pradip Choudhuri était né le 5 avril 1943 dans un village du Bengale-Oriental, qui a été rattaché au Pakistan (et aujourd’hui au Bangladesh) au moment de la partition de l’Empire britannique des Indes. Alors qu’il a 3 ans, sa mère l’emmène à Calcutta, la capitale de l’État qu’on appelle, dans l’Inde, le Bengale-Occidental. Son père y était enseignant.


Pradip a souvent évoqué avec tendresse les plaisirs simples de son enfance. « Ma passion première était de jouer au cerf-volant et de compter les chèvres dans toutes les ruelles et les recoins possibles, jouer et courir sur les rails abandonnés de la gare de la petite ville où je séjournais à l’époque, à 50 km de Calcutta City », a-t-il raconté à Alain Jégou, le poète marin-pêcheur de Lorient, dans un entretien réalisé en 2010 pour la revue « Spered Gouez » (2).


A 20 ans, il rejoint l’Université internationale Visva Bharati, à Santiniketan, comme étudiant en philosophie. Cette université renommée a été fondée par Rabindranath Tagore, le grand écrivain indien, prix Nobel de littérature de 1913. Les Bengalis ont une profonde vénération pour cet « asile de paix » qui a été érigé par son fondateur sur une base religieuse et spirituelle, à l’image des écoles de la forêt d’autrefois. 


Peu après son admission, Pradip fonde une revue littéraire détonnante, « Swakal », qui deviendra « Pphoo « à la fin des années 1960. Dès le deuxième numéro, il est accusé d’ « obscénité » par les autorités de l’université, qui sont déroutées par son langage poétique et son écriture neuve et inventive. Il est aussitôt exclu de Santiniketan.


Obsénité? C’est en réalité un faux procès. Dans son oeuvre, Pradip Choudhuri privilégie la modernité, il valorise la vie urbaine et contemporaine, le grouillement des rues de Calcutta, alors que Tagore insistait sur les bienfaits de l’enseignement en plein air, de « l’école sous les arbres ». Pradip procède par collages, il mixe, il est volcanique, farouche, incontrôlable. Il déconcerte. Il a soif du monde entier. C’est un poète du Village global. Avec des images fortes et des vers libérés des contraintes, sa poésie est ouverte à la contemporanéité. Dans le contexte de Santiniketan et de l’héritage lyrique de Tagore, c’est un bouleversement radical, une remise en cause des règles anciennes, de « l’ancien jeu des vers », pour reprendre l'expression d’Apollinaire. Une véritable révolution poétique, un peu comparable pour l’Inde à ce qu’a pu être l’entrée fracassante de Rimbaud dans le paysage poétique français.


Et Pradip n’est pas seul. Dans ces années 60, on a qualifié de Hungry Generation (la Génération affamée) les poètes en colère, essentiellement du Bengale, en référence à la Beat Generation américaine. « Dans le monde actuel, avait-il l’habitude de dire, mes poèmes sont absolument subversifs, c’est-à-dire humains. » Cette nouvelle école entendait se libérer de la « versification de Tagore » et créer une poésie moderne indienne. 


Pradip et son ami Subo Acharya (3) commencent à vivre comme des « vagabonds célestes » dans les rues de Calcutta. « Nous vivions sur les trottoirs, dans les gares, parfois dans des trains vides dans les hangars de dépôt, et même dans des bateaux amarrés à Howrah », a-t-il raconté en 2017 à un journaliste de New Delhi, Uttaran Das Gupta. « Nous ne nous rasions plus, nos barbes poussaient comme celles des chanteurs soufis. » Ils pouvaient passer des journées sans manger et s’ils s’installaient pour dormir sous le balcon d’une maison, on leur versait de l’eau pour les faire déguerpir. « Une fois, nous avions tellement faim que nous sommes allés dans un restaurant  et, après avoir mangé, j’ai fait attendre Subo pendant que j’étais parti à la recherche de personnes qui pouvaient me prêter de l’argent pour payer l’addition. »

Par la suite ils se sont installés à l’hôtel Panthanivas et leur chambre est devenue un rendez-vous de poètes. Un jour, il fait la connaissance de deux d’entre eux, Saileswar Ghose et Subhas Ghose (4), qui vont très vite devenir des amis. « Nous sommes allés boire de l’alcool à Khalashitola, l’endroit préféré des poètes à l’époque et, à minuit, tous les deux sont venus à mon hôtel. Nous avons passé la nuit à parler sans fin. C’est ainsi que s’est formée la Hungry Generation. » 


Pradip en 1963.

Au début de cette année 1964, Pradip rassemble des écrits de ses amis et fait publier un recueil collectif, justement intitulée « Hungry ». « Ça a été une explosion, raconte-t-il. La nouvelle de la création de la Hungry Generation s’est répandue comme une traînée de poudre dans toute l’Inde. En Amérique, les poètes de la Beat Generation, dont Allen Ginsberg et Lawrence Ferlinghetti, ont exprimé leur solidarité dans leurs lettres ouvertes aux intellectuels indiens de l’époque. »


Allen Ginsberg avait séjourné à Calcutta (5) mais Pradip, qui était parti vivre dans l’état de Tripura et qui était occupé, selon son expression, par ses « propres vagabondages », n’a pas  été en mesure de le rencontrer. Il ne le rencontrera jamais.


Son premier livre, « My Rapid Activities », « qui fut le premier de la Hungry Generation », aimait-il à préciser, a été publié cette année-là, 1964. En septembre, avec ses amis Hungry, il est arrêté pour le même prétexte d’« obscénité ». Et tous furent relaxés, à l’exception de Malay Roy Choudhuri, arrêté dans le Bihar, qui resta quelques mois en prison pour ce motif dérisoire. « Une affaire kafkaïenne », commente Pradip.


Poètes de la Hungry Generation: Arun Banik est à gauche, Pradip à droite.


Fin de la séquence Hungry Generation. Pradip se consacre maintenant pleinement à l’écriture et commence à publier ses propres livres. « Pphoo », sa revue trilingue (bengali, anglais, français), prend vraiment de l’ampleur et s’ouvre au monde. Elle fera sa célébrité. 


"Pphoo", un numéro de 2008, en bengali, anglais et français.


En 1966, il reçoit les premières lettres de Claude Pélieu, qui le met en contact épistolaire avec Ginsberg, Ferlinghetti (l’éditeur de City Lights), Burroughs, Corso… qu’il va publier dans sa revue « avec une grande ferveur ». Il reconnaît volontiers que cette amitié avec l’écrivain français traducteur de la Beat Generation l’a beaucoup aidé à faire connaître ses propres oeuvres et les voir publiées en Amérique, en Europe et même au Japon. « J’ai grandement profité de cette fraternité phénoménale parmi les poètes du monde entier. » Pour autant, et en dépit de ses relations épistolaires avec Ferlinghetti, Ginsberg ou Harold Norse, il ne s’est jamais considéré comme un Beat Poet. A ce propos, Pradip, qui était parfois d’humeur à attiger la cabane, m’avait même expliqué qu’il considérait que la vision des Beats était limitée! : « Parfois ils manquent d’imagination créative. Les poèmes d’Allen peuvent être carrément ennuyeux. En revanche, les créations de Claude Pélieu sont beaucoup plus diverses et d’une fraîcheur unique, qu’aucun poète Beat n’a égalée. » (6) Jack Kerouac était finalement le seul auteur de ce mouvement qui l’a beaucoup inspiré. Il lui a d’ailleurs consacré un livre, « L’Existence phénoménale de Jack Kerouac ».


En 1990, paraît en anglais aux éditions Inkblot d’Oakland, en Californie, « The Black Hole » (Le Trou noir), son recueil mythique, qui reprend des poème écrits depuis 1964.  Le titre est une allusion à une période tourmentée de l’histoire de l’Inde et au début de la colonisation par les Britanniques. Mais, comme Pradip l’a expliqué dans un entretien à Denis Emorine (7), il avait surtout utilisé cette expression astronomique comme une métaphore de la vie: « Dans cette civilisation dominée par l’argent, la puissance et le sexe, on se sent souvent enfermé dans un grand trou noir sans issue. » 


Pradip à Paris, sur les quais de la Seine, en 1996.

Pradip cherchait depuis longtemps  à voyager en France. En 1993, Claude Pélieu m’a invité à entrer en contact avec lui. S’en est suivie, pendant 28 ans, une abondante correspondance. Je l’ai finalement rencontré à Paris en mai 1996 et nous sommes devenus amis. Son voyage était organisé par Harry Wilkens et Christine Zwingmann, poète et danseuse de Genève. Ils lui avaient réservé une chambre à l’Hôtel du Vieux Paris, l’ancien rendez-vous des Beats, rue Gît-le-Coeur, devenu un hôtel 3 étoiles. Je me souviens de longues discussions enflammées sur le Rimbaud d’«Une  Saison en enfer » et des « Illuminations » qu’il avait lu avec ardeur à 20 ans, sur le destin fascinant de Jack Kerouac et sur notre amitié commune avec Claude Pélieu, qu’il considérait un peu comme un frère. Je me souviens de flâneries inspirées dans les rues du Quartier Latin, le long des berges de la Seine, au Louvre, où il se fit voler son portefeuille, à la librairie Shakespeare and Company, le rendez-vous cosmopolite, et dans un restaurant de cuisine juive de la rue des Rosiers avec Richard Belfer. Je me souviens aussi de sa lecture fervente et brûlante à la librairie A Tire d’Aile dans l’île Saint-Louis. 



Pradip devant la librairie Shakespeare & Company, rue de la Bûcherie.

 Bruno Sourdin, Pradip, Harry Wilkens et Christine Zwingmann.


Dans l'île Saint-Louis avec Richard Belfer (à gauche).

A la librairie A Tire d'Aile avec Christine Zwingmann (à droite).

Flânerie dans une rue de Paris en mai 1996.

Il est revenu une seconde fois en France à l’invitation du maire-poète de Guyancourt, Roland Nadaus.



La poésie était sa grande passion. Il aimait répéter son mantra: « Fais de ta vie un poème. » Il avait plus de 500 poètes-amis dans le monde entier. « Je publie mes poèmes avec eux dans leurs pays respectifs. C’est la victoire de la poésie. » Avec obstination et fidèle à son esprit rebelle, il a tenu à bouts de bras sa fameuse revue pendant plus de 50 ans. Dans son anthologie « Trésor de la poésie indienne (des Védas au XXIe siècle) », Zéno Bianu retient deux poèmes de Pradip Choudhuri (8). Il le présente en ces termes:  « Ardent, ultra-sensible et foncièrement iconoclaste, Pradip Choudhuri perçoit la poésie comme l’ « ultime religion de l’homme », seule capable de fissurer toutes les formes d’immobilisme. » On ne peut pas mieux dire.


Sreemanti Sengupta.

« Pradip vivait à Kolkata comme un outsider, il avait très peu d’amis dans le monde culturel d’ici, »
m’avertit de son côté Sreemanti Sengupta. Tout au long de sa vie, il a surtout auto-publié ses écrits dans sa revue. Pour lui, «Pphoo » comptait plus que tout et il n’a jamais cherché à se faire publier ailleurs, sauf à l’étranger. Aujourd’hui à Calcutta, sa réputation reste vivace mais seulement dans un petit cercle littéraire. C’est aussi le cas des autres protagonistes de la Hungry Generation: ils continuent d’intéresser les jeunes écrivains, on édite régulièrement des compilations de leurs écrits, de nombreux articles sont publiés sur leur mouvement, en particulier sur Malay Roy Chowdhury. « Cependant, m’explique mon amie Sreemanti, tout cela se fait en dehors des médias de masse. Au cours des six dernières décennies, les poètes et écrivains Hungry n’ont presque jamais écrit en dehors de petits magazines. Pourtant, ce mouvement littéraire est toujours considéré comme l’un des plus influents du Bengale. »


Pour les jeunes poètes bengalis, Pradip est à la fois une inspiration et une énigme, comme le dit si bien Sreemanti: « Son regard brûlant et toute sa vie sont remplis d’audace. Il était mon Beat. Plus que ce qu’il a écrit, sa personnalité et sa philosophie de la vie continuent de me motiver. Il a toujours été brûlé par l’urgence de la vie et de la poésie. J’ai toujours rêvé d’une vie comme la sienne: insouciante, audacieuse et en continuité avec la poésie. C’est ce qui m’inspire. »




Pradip éprouvait pour la France une inclination sentimentale. Les rues de Paris touchaient son coeur, comme si c’était le centre ardent du monde. J’aimais sa fougue joyeuse et sauvage. Pradip était unique: rebelle, iconoclaste, inspirant et libre. Viscéralement libre.


Bruno SOURDIN. 



  1. Les bidis sont des cigarettes indiennes, roulées dans une feuille d’arbre tropical. Le vin rouge est un des plaisirs qu’il a découvert en France. Bidis et vin rouge: un pont entre l’Orient et l’Occident.
  2. « Spered Gouez » n°16, octobre 2010.
  3. Subo Acharya est devenu un adepte d’une société religieuse hindoue fondée par Anukul Chandra Thakur, réputée pour ses vues anti-féminines et sa justification rigide du système des castes. Ce qui paraît totalement contraire aux idées de la Hungry Generation.
  4. Saileswar Ghose est un poète et Subhas Ghose un prosateur. Ils ne sont pas apparentés, seulement des amis qui partageaient le même logement.
  5. Allen Ginsberg a raconté son séjour en Inde dix ans plus tard. Les « Journaux indiens », la version française de ces carnets, ont été publiés par Christian Bourgois éditeur en 1977, avec une traduction de Philippe Mikriammos.
  6. Lettre de mars 1995.
  7. L’entretien avec Denis Emorine  a été repris dans le recueil « Grosse bise à toutes les chiennes égarées », en 2004.
  8. « Un feu au coeur du vent. Trésor de la poésie indienne  (des Védas au XXIe siècle », édition de Zéno Bianu, Poésie/Gallimard, mars 2020. Les deux poèmes figurant dans cette anthologie sont « Ratri « et « Jayeeta attend avec impatience une planète lointaine ».



Les livres de Pradip Choudhuri en français:

« L’Existence phénoménale de Jack Kerouac », Tempus Fugit, Belgique, 1987.

« Ratri (la Nuit) », édition Pphoo, Calcutta, 1996.

« Le Trou noir », édition Pphoo, Calcutta, 1996.

« Poésie-Religion », édition le Givre de l’éclair, Troyes, 2000.

« Grosse bise à toutes les chiennes égarées », édition Pphoo, Calcutta, 2004.





Snigdhendu se souvient de son ami Pradip

 

Snigdhendu Bhattacharya.

Snigdhendu Bhattacharya est un journaliste indépendant de Kolkata. Il avait 21 ans lorsqu’il s’est lié avec Pradip Choudhuri, qui en avait 40 de plus. Pendant ses années universitaires, il s’était vivement intéressé à la littérature de la Hungry Generation. C’est la raison pour laquelle il avait souhaité rencontrer Pradip. Et ils étaient devenus amis.






Pradip dans un village du Bengale en 2011.


« Son accueil était chaleureux. Nous avons parfois discuté chez lui mais nous sommes surtout sortis pour aller nous promener du côté de l’université de Jadavpur. Il emmenait sa petite fille avec lui. Malgré son très jeune âge, Lia était préoccupée par la consommation de cigarettes et de bidis de son grand-père. Elle détruisait toutes les cigarettes qu’elle trouvait sur lui et cherchait à l’empêcher de fumer. Mais je pense que Pradip n’a jamais accepté aucune interdiction dans sa vie. Je me souviens qu’il m’a dit, avec un rire insouciant : Qu’est-ce que je peux y faire ? C’est ma reine. Si elle veut détruire mes cigarettes, elle le fera. Mais je dois continuer à fumer et je le ferai lorsque je serai loin d’elle. »

 

Lia, la petite-fille de Pradip.

En arrivant aux environs de l’université ou sur le campus, Snigdhendu et Pradip s’arrêtaient pour boire un thé. Parfois Pradip déposait pendant quelques minutes sa petite-fille chez un commerçant qu’il connaissait.

 

« Nous pouvions alors partager une cigarette ou un joint que j’avais roulé. Ensuite, nous bavardions pendant des heures en  discourant sur la poésie, les gens, ou la politique, tout en arpentant les ruelles du quartier ou le campus. 

 

« Pradip aimait le vin mais pouvait se contenter d’une bière locale, il fumait de la ganja lorsqu’il était en compagnie mais il n’était pas toxicomane. Il était intoxiqué par ce que j’appellerais le breuvage de la vie, les gens, les sons, les images… »

 

La mort de sa femme, Gori, a créé un grand changement. Pradip avait l’habitude de dire que sa petite-fille Lia était la seule personne qui le rattachait à son foyer.

 

« Il a essayé de s’impliquer et à faire grandir sa créativité et son imagination. Mais je pense qu’il a très vite compris que ses interventions ne l’aideraient pas à sa réussite scolaire. Dans sa vie, Pradip avait remis en question tous les principes de la réussite sociale mais il n’a pas voulu imposer ses idées à son fils et sa belle-fille. Il a fait la même chose avec sa petite-fille. Il n’était pas enthousiaste en pensant à la jungle dans laquelle elle se trouverait un jour mais il ne voulait pas rendre les choses difficiles à ses parents. Après tout, disait-il, quelle responsabilité puis-je assumer ? 

 

« La responsabilité est un mot qu’il considérait avec une profonde méfiance. Il ne s’est jamais envisagé comme un père responsable. C’est sa femme qui s’est occupée de l’éducation de son fils, Dimitri. Lui, s’est occupé de sa propre liberté, il a passé sa vie à écrire, à voyager, à discuter, à écouter, à explorer la vie au-delà du train-train quotidien. Cependant, à la soixantaine, il a admis avoir regretté de ne pas s’être impliqué dans le rôle de parent. C’était une expérience qui lui manquait, m’a-t-il avoué à plusieurs reprises. Mais je ne pense pas qu’il ait été affecté par un quelconque regret, si tant est qu’il ait jamais regretté quoi que ce soit. 

 

« Il ne se souciait pas beaucoup de l’avenir et vivait principalement dans le présent. Il était quelqu’un qui refusait de s’installer. Il voulait rester une pierre qui roule. Il s’était fortement endetté dans les années 60 et 70, en raison de toutes les dépenses qu’il avait faites avec sa carte de crédit, dont la plupart étaient improvisées, certaines lors de ses voyages à l’étranger. Le remboursement mensuel a enlevé une grande partie de sa pension et il avait de grandes difficultés financières à boucler la fin du mois. A certaines occasions, il a même vendu des livres qu’il possédait. Je me souviens de lui avoir acheté un livre de Millar. Plus tard, lors d’une visite chez lui, j’ai remarqué qu’il avait fait imprimer une version PDF de ce livre. Je me suis vraiment senti mal ce jour-là de lui avoir pris ce livre contre de l’argent. J’aurais dû lui donner cet argent sans contrepartie. Auparavant, il m’avait bien offert des livres, dont l’un de ses Dostoïevski préférés. Mais Pradip n’a jamais demandé d’argent. Il a même généreusement prêté de l’argent, sans souvent se faire rembourser.

 

« Quelques années avant sa mort, son fils, Dimitri, l’a soulagé du stress financier, en remboursant le prêt en totalité, et Pradip a dû rembourser Dimitri en plus petits versements. Lorsqu’il nous a annoncé cela, nous lui avons dit qu’il devait être reconnaissant à son fils d’avoir assumé ce fardeau. Pradip n’était pas d’accord. Il pensait que son fils s’était acquitté de ses propres responsabilités. Il vit dans ma maison, m’a-t-il dit, et si je les chassait ?

 

« Franchement, j’ai été un peu choqué d’entendre cela. Etait-il vraiment si impoli, si ingrat ? Ou avait-il seulement peur que l’initiative de son fils puisse l’entraîner à certaines contraintes. Il ne voulait ni contraintes ni obligations. Il voulait être libre.

 

« Pradip n’avait pas beaucoup d’amis. Il avait quelques compagnons comme moi, avec lesquels il pouvait passer de temps en temps un moment « complice ». Il était un reclus. Il n’aimait pas la foule. Pendant les premiers jours de notre amitié, si je peux appeler ainsi notre relation, Pradip a suggéré que je lui rende visite seul plutôt qu’avec d’autres membres de mon cercle d’amis. Deux c’est de la compagnie, trois c’est une foule, m’a-t-il dit. Il croyait que les meilleurs échanges ne se produisaient que lorsqu’il n’y avait que deux personnes, toute présence supplémentaire créerait des diversions et des distractions. C’est peut-être l’une des raisons pour lesquelles il évitait les rassemblements littéraires ou culturels. La seule chose que je l’ai entendu déplorer, à plusieurs reprises, était le peu de personnes à Kolkata avec qui il pouvait parler, des personnes ni rigides, ni engagées et libres. Il cherchait désespérément des amis, surtout dans la jeune génération, mais je doute qu’il en ait jamais trouvé. Il était toujours très scrupuleux de ne pas empiéter sur l’espace des autres. Il tenait beaucoup à la dignité humaine et à la sienne en particulier. Il n’aurait jamais supporté d’être dépendant. Sa seule dépendance, je pense, était ses anti-dépresseurs.

 


« La fréquence de mes rencontres avec Pradip a diminué au fur et à mesure que je m’impliquais dans le journalisme. Il y a eu tant d’occasions où il m’a demandé de venir à l’université de Jadavpur pour une heure ou deux ou de passer chez moi, mais cela ne pouvait pas se faire en raison de mes horaires de travail imprévisibles. Il me poussait à me libérer des chaînes de ce travail professionnel et à profiter de la vie. Mais mes pas ont toujours été plus mesurés que les siens.

 

« Dans une certaines mesure, je suis comme lui. Je ne m’embarrasse pas de regrets. Mais je ne suis peut-être pas aussi rigide que lui. Je regrette ces rendez-vous manqués. Je me sens triste en pensant qu’il n’est plus là. »

 

Propos recueillis et traduits par Bruno SOURDIN.

 

 

 ***



 Sept poèmes de Pradip Choudhuri



Rimbaud


1.

De tous les ivrognes

je suis le plus jeune et le plus fou

peu importe le bien-être de cette planète

c’est mon autorisation

qu’ils exigent

je ne suis habitué ni à l’éternité

ni à l’homme

mon amour est instable

et sans méthode

tout ce que je sais c’est comment aller

au-delà de la carte &

Paris!

oui, toi, tu es emprisonné 

dans ces chiottes de dingue

les cuisses trempées de sperme

tu me gonfles avec ton hymne

secret de la vie immortelle

je suis de ta tribu hirsute

& je suis drôlement excité

à défaire les noeuds de toute la paperasserie

de cette ville maléfique


il est minuit maintenant

& je suis assis tout seul

dans ce parc hostile

je continue à considérer Calcutta

même dans le noir

avec mes yeux sauvages

les images du village branlant d’où je viens

& de ma mère qui m’y a laissé tomber

me hantent à ce moment-là comme un coup de fouet

c’est tout, oui, &


comme alternative à l’horreur

je sors une bouteille d’alcool du pays

et l’avale comme le paria que je suis

les poils de mon corps se dressent

comme les énormes piquants

d’un porc-épic

ah, maintenant je peux comprendre

la fin de Paris

et la mienne


& l’indifférence de PAN et d’APOLLO


les flics envoyés pour me dévorer

battent en retraite tête baissée

insultés par rien d’autre

qu’un garçon capricieux — oh ouais ?




2.

la fameuse fournaise de l’enfer 

était-elle si différente de ça?

est-ce que la nature de l’homme a été aussi disséquée

ici comme ailleurs ?


enfin, fou que JE SUIS,

j’accompagne une jeune fille

ravie de sa virginité 

qui sort pour mordre dans une pomme 

qui vient de tomber du ciel

je me précipite dans des salles à manger

de Marseille à Calcutta

pour manger les racines angéliques

de cette jeune personne

mon amour

ma renaissance

mon incarnation

ma représentation des mille bulles évanescentes

de son visage

reflétées derrière cette porte

où j’entre en hallucination —


ouais, tout ça

est ce qui est en jeu !

je saccage la chambre

remplie d’atomes explosés

je trébuche

je culbute à ses pieds

couverts de rayons de lune

je commence à haleter

& je suis couvert un moment

d’un drap d’impuissance

je suis impressionné par l’étrange

aveuglement de cette planète


pourquoi les femmes d’ici sont-elle nées

pour allumer les feux des hommes

même sans allumette ?


je suppose qu’il est indispensable

de regarder en haut vers la Tour Eiffel

mon corps s'immobilise, oui

un instrument métallique baise les cieux

et maintenant la progéniture de Dieu ne tarde pas à descendre

c’est vraiment une merveilleuse invention !

à l'intérieur du crâne compliqué

de l'homme

ouais, la même peine éternelle sans la moindre signification

Et ils m'appellent fou

parce que je vois

& le dis.





Soupe chinoise


Ma chère demoiselle se retire

en tenant un bol de Chine énigmatique à la main.

La fumée de la luxure m’éblouit les yeux.

Je peux dire à quel point elle pèse

lorsque j’entends le bruit de ses pas de 55 kg.

Jalousie, un appel nocturne la plonge

dans un sommeil inerte.


La fumée de la luxure,

& seulement au bout de 40 minutes

Elle déchire cette terre orange —

puis reste immobile comme une morte.


L’écume qui ne cesse de couler de ses mâchoires

ne s'évapore pas même après le long

long reflux de la marée.

On ne peut voir que les éclaboussures roses

du sang qu’elle a perdu

sur la toile sombre de la nuit.


Pauvre de moi !

Elle a compris alors que son désir ressemble 

à un feu, en crachant

à la figure à son dieu privé.

Elle a vidé le bol de Chine

en une seule gorgée.




Kanya Kumari/ 1


Même après le premier naufrage de ma vie

mes yeux sont à la fois immobiles et blancs;

les femmes en saris de soie descendent les marches du Cap

je n’ai aucun désir; je suis LIBRE

je ne regarde que leurs cardigans rouges




Kanya Kumari/ 2


Un tourbillon engloutit ma poitrine,

rêves du Vésuve

en dessous —

j’aperçois un garçon inconnu au loin




Le trou noir #2


Je suis pisté dans l’ombre des ruelles secrètes

du sud de la ville —

des trous noirs:

annulaires et rouges.

Entre deux postes de surveillance on croise

une horde de zèbres de couleur cancéreuse

étalant leurs os le plus longtemps possible.

Une meurtrière se penche

sur une poitrine anonyme —

un drapeau sanglant à la main:

« La fécondation in vitro, c’est ce que j’exige ». 


Après avoir beaucoup bu 6 jeunes grossiers

plongent les mains dans leurs poches

puis les ressortent;

6 couteaux aiguisés clignotent au-dessus de leur tête.

Il n’y a aucune trace de ciel nulle part.

Dans un coin ombragé de la corniche déserte,

un tas de sous-vêtements,

tenues amples pour mes potes — des zobbas &

un tas de serviettes centenaires…

Le christ rouge interné — Dhritarashtra —

Père aveugle où es-tu ?


Oh ça !

Du sud de la ville des trous noirs apparaissent —

avec la fille de la vierge.

Un ruisseau d’eau dorée suinte

de ses ganglions gonflés

et elle rit 

en avançant bouche bée.

Elle me refoule avec les 6 autres.

Personne à part nous ne sait

comment un satellite maléfique a atterri

dans ce trou humain de nulle part.





Une main noire est entrée dans mon sang


Une main noire est entrée dans mon sang

« Donne-moi quelque chose » — un écho, un frisson

dans tout le corps

Je ne peux rien offrir à cette main gourmande.

Fin de mes sombres tractations.

J'entends le rire nerveux de quelqu'un

dans ma veine.

C'est moi.





Harakiri


Un matin trouble toute la horde —

père mère amant voisin et même dieu,

blottis tous ensemble sur le seuil &

oui, eh bien, pour arracher un maximum de plaisir &

de haine, aux yeux de tous, pour créer

une orgie d’Amour…

on commence:

nu comme un ver je sors de la salle de bain

jambes écartées & je me tiens

juste devant père mère 

amant voisin et même dieu

& sans attendre une seconde

je me perce le ventre

avec leur couteau aiguisé

& dresse dans le vide une poignée

d’entrailles appétissantes;

oui, Basho! quelle excitation

des soleils distants s’illuminent

entre chaque paire de cuisses —

même celles de dieu.



Poèmes traduits par Bruno Sourdin



Notes sur ces poèmes


Rimbaud: « Une saison en enfer » est la première grande oeuvre occidentale que Pradip Choudhuri a découverte, « avec ardeur », à 19 ans. Il aimait comparer le génie de Rimbaud à celui de Ramakrishna.


Calcutta: capitale de l’état du Bengale-Occidental. Une agglomération de 14 millions d’habitants. La ville s’appelle désormais Kolkata, de son nom bengali.


Kanya Kumari: la ville de  Kanyakumari se trouve à l’extrême sud de l’Inde dans l’état du Tamil Nadu. Anciennement Cap Comorin.


Le Trou Noir: Pradip Choudhuri utilise cette expression astronomique comme métaphore de la vie.


Zobbas: des vêtements amples que portent les ascètes hindous.


Dhrirarashtra: un des personnages mythiques du Mahabharata (une grande épopée de 106 000 vers, le livre sacré de l’Inde). Dhrirarashtra est un roi aveugle qui eut cent fils.


« On commence »: en français dans le texte. Pradip aimait le français, qu’il avait appris tout seul. Il le parlait et l’écrivait.


Basho: un des plus grands poètes japonais, né en 1644, moine, grand voyageur et maître incontesté du haïku.


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Poèmes publiés dans le N° 86 de la revue Diérèse (8 avenue Hoche, 77330 Ozoir-la-Ferrière), hiver-printemps 2023.


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Deux poèmes de Pradip Choudhuri ont été publiés dans Trésor de la poésie indienne, des Védas au XXIe siècle, édition de Zéno Bianu (Poésie/Gallimard, 2020): Ratri et Jayeeta attend avec impatience une planète lointaine.