30/12/2013

Barry Edgar Pilcher, le poète-saxophoniste d'Inishfree


Poète et musicien anglais né à Londres, dans le blitz, en 1943. Dans les années 60, il participe activement au mouvement Flower Power et à la scène Beat londonienne. Il joue dans des groupes psychédéliques comme Third Ear Band, People Band et Hydrogen Jukebox. Depuis cette époque, il a toujours choisi de vivre à l’écart, « en dehors de la course des rats », selon sa propre expression. Pour se consacrer entièrement à la création, il s’établit, au début des années 90, à Inishfree, une île sauvage battue par les tempêtes située au nord-ouest de l’Irlande, dans le comté de Donegal. Il est un des rares habitants de l’île à y séjourner toute l’année. Dans tous les domaines de la créativité, Barry Pilcher cherche à exprimer une spontanéité totale. Sa grande passion est d’improviser de longs chorus avec son saxophone devant la mer. Sa poésie, elle, se rapproche, par son extrême simplicité et son absence totale d’artifice, du haïku japonais. Barry est également très actif dans le réseau international du mail art, un des derniers bastions des utopies des années 70. Sa devise : « Flux the Flux. Cosmic love. Saxophones of reality. »











un coin parfait

un coin parfait
pour méditer
face à la mer
un phoque noir
plonge et ressort de l’eau
le nez pointé
vers la lumière
assis jambes croisées
je commence à jouer de ma clarinette
les notes aiguës
étincellent
au-dessus d’une mer
calme et parfaite

des petits bouts

un gros nuage
blanc et floconneux
ressemble à une feuille d’arbre
le voici déjà parti
il n’a laissé que des petits bouts
je devrais dire des miettes

jardin zen

j’ai essayé avec un rocher
ça semblait magique
j’ai essayé avec deux rochers
puis trois
c’était catastrophique
j’ai essayé à nouveau avec un rocher
et c’était tout à fait cela
l’essence de la simplicité

heur et malheur d’être poète

 je n’oublierai pas mon crayon
dans cette promenade
sur l’estran
jusqu’à mes rochers préférés
dont l’un ressemble
à une grenouille géante
je m’assiérai dans cette grotte magique
penserai à tous ceux que j’aime
et qui vivent si loin d’ici
dans des rues bruyantes et encombrées
au milieu de la foule ou dans des boutiques
je ne verrai pas la nuit tomber
reviendrai en trébuchant
par la grève
sans torche sans la lune
sans même une étoile pour me guider
avec seulement le sable lumineux
et mon crayon usé jusqu’à la pointe
heur et malheur d’être poète !


(traduit par Bruno Sourdin)

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