Soeur Corita Kent |
Corita Kent, plus connue sous le nom de Sister Mary Corita, était une religieuse catholique américaine et une artiste d’envergure, qui s’est illustrée dans la voie du Pop Art en Californie dans les années 60 et 70.
Militante passionnée par des causes liées aux droits humains, elle a réalisé des centaines d’affiches et de sérigraphies, « qui mettaient l’accent sur l’amour et la compassion mais aussi sur l’urgence du changement », comme le souligne Olivia Cha, la directrice de collection du Corita Art Center de Los Angeles, qui veille sur l’héritage de cette artiste unique. « Corita a toujours cherché ses sources dans le monde qui l’entoure. A l’image d’une éponge, elle absorbait et assimilait les tendances esthétiques et artistiques de son époque. »
Elle a surtout pratiqué la sérigraphie car elle pensait que ses oeuvres devaient être mises à la disposition du plus grand nombre. « Je suis une imprimerie, déclarait-elle volontiers, une forme très démocratique, puisqu’elle me permet de produire une quantité d’oeuvres d’art originales pour ceux qui n’ont pas les moyens d’acheter des oeuvres d’art à prix élevé. »
"The king is dead. Love your brother" |
Corita vivait dans une communauté religieuse de Los Angeles mais elle ne vivait pas en recluse. Elle puisait au contraire son inspiration dans la vie quotidienne, en s’écartant résolument des codes artistiques qui prévalaient dans les congrégations catholiques et en relayant les messages d’amour et de paix (peace and love) qui ont marqué la contre-culture des années 60 et 70. Pour se faire la porte-parole de la contestation, elle composait ses sérigraphies dans l’immédiateté. Elle utilisait des mots et des images tirées des journaux qu’elle combinait avec des paroles de chansons, des citations de l’air du temps et des versets de la Bible.
On retrouve dans de nombreuses sérigraphies l’écho des évènements sociaux qui secouaient les Etats-Unis d’alors. Corita s’est engagée contre les injustices sociales, le racisme, la pauvreté, et bien sûr contre la guerre du Vietnam: « Stop the bombing », recommandait-elle dans une sérigraphie de 1967 qui est devenue culte. En 1969, elle a repris une photographie de Martin Luther King en y ajoutant cette injonction: « The king is dead. Love your brother. »
"We can create life without war" |
"Love", un timbre pour la poste US. |
Elle a composé une oeuvre audacieuse, débordante de vitalité, fortement politique. En conflit avec sa hiérarchie, elle a demandé à être dispensée de ses voeux et a quitté les ordres à la fin des années 60. Elle a poursuivi sa carrière artistique à Boston, où elle est morte d’un cancer en 1986. Elle laisse une oeuvre considérable: 800 sérigraphies et des centaines de photographies et d’aquarelles. Une oeuvre hors normes qui fait de Corita Kent l’apôtre de la révolution joyeuse.
B.S.
Le Collège des Bernardins a accueilli en octobre 2024 à Paris la première exposition dédiée à cette artiste américaine au parcours atypique.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire