Joël Hubaut est un artiste inclassable, virtuose de la performance, artiste multimédia, peintre, poète alternatif, un créateur résolument éclectique. D’une façon très originale, il a produit, dès ses débuts dans les années 70, des oeuvres placées sous le signe de l’épidémie et de la contamination. Souvent avec un art consommé (et jouissif) de la dérision. Mais pas seulement: son oeuvre est aussi une réflexion obstinée sur les virus qui rongent nos sociétés et sur les tragédies qui en découlent:
« Le passé était épidémik
Le présent est épidémik
Le futur sera épidémik ».
Les éditions Dernier Télégramme ont eu l’excellente idée de rassembler les principaux textes épidémiques que Joël Hubaut a écrits et fait paraître à partir de 1970 et qui sont saisissants de modernité. Et d’actualité.
En 1972, Joël Hubaut rencontre Claude Pélieu, le poète qui a révélé aux lecteurs français les grandes voix de la Beat Generation. Pélieu décode les mots et les images. Un mixage hallucinant de la réalité. Joël Hubaut ne pouvait pas passer à côté de cette poésie libertaire. Il lui restera toujours fidèle. Voici le texte qu’il lui dédie — « Les signaux épidémik crachent la bave mutante dans les accidents roses »:
Croix, cercles, triangles, flèches se multiplient et se répètent. Joël Hubaut pointe, de façon radicale, les signes de contamination. Il aime la parodie (ne se présente-t-il pas lui-même comme « un grossiste en arts »). Il aime transformer, recycler. Son oeuvre est singulière, fabuleuse, géniale. C’est un grand brassage permanent, un mixage « Pest-Moderne » perpétuel.
"Epidemik tatoo painting", 1976. |
Cela fait 50 ans que Joël Hubaut nous alerte avec ses cut-ups personnels épidémik. Toutes les contaminations ont été répertoriées: les tumeurs et le infections, la machine à écrire des mots contaminés, la musique et le langage infectés. Il nous le répète avec insistance, à haute voix: il faut se vacciner contre la bêtise et la résignation. On sait maintenant, en pleine crise sanitaire, qu’il faut le prendre au sérieux.
Bruno SOURDIN.
« Proto-poèmes épidémik », par Joël Hubaut, Le Dernier Télégramme, 2021.
Des poèmes à lire (ou à hurler) à haute voix. |
A consulter également:
http://brunosourdin.blogspot.com/2019/05/joel-hubaut-expose-ses-multiples-caen.html