Noël 1994 en Normandie. Avec Claude Pélieu (et mon fils Hugo, alors âgé de 5 ans). |
J'ai entretenu une correspondance de 11 ans avec Claude Pélieu, jusqu'à sa mort le 24 décembre 2002. La première carte postale-collage que j'ai reçue de lui date de mai 1991, postée à Cooperstown. J'y lis cette phrase étonnante, qui m'avait beaucoup amusé: "La euh poésie? Je la chie. Terminé!" Le poète Beat français était en pleine forme! Nous sommes rapidement devenus amis.
Sur les 250 lettres (ou cartes-collages) que j'ai reçues, j'en choisis huit. Elles précèdent son retour en France, en septembre 1993. Son séjour à Caen s'est terminé par une fiasco complet, au bout de 14 mois, en janvier 1995. "Je ne pouvais plus supporter la connerie et la crasse française (...) Nous sommes partis avec deux valises, Orly, New York. La violence ici est indicible. Nous repartons à zéro avec rien, sinon un vague dossier culturel. Haha!", a-t-il ricané à son retour aux Etats-Unis. Et deux mois plus tard: "Aucune nouvelle de la fuckin' Normandy, parano et merde de poulet. Tant mieux. Ras l'cul de la Francecaille!"
Pélieu l'iconoclaste, le rebelle, épouvanté par la violence et la bêtise. Le poète exilé qui se sentait coincé, à l'écart, dans le Grand Nord, dans la dèche totale, et qui aimait à répéter: "J'suis tombé dans l'trou du souffleur."
Tout cela est vrai. Pour moi, il restera surtout l'ami. Adorable et fidèle, extraordinairement généreux. Cut-up vivant au coeur tendre. Un souvenir lumineux de Colleville. Des soirées folles zen vodka et haïkus. Un souvenir lumineux de la vallée des Mohawks, loin de tout, regardant la chute des feuilles.
Flashes d'éternité dans le juke-box magique de Claude Pélieu
Bruno SOURDIN
Carte postale-collage envoyée par Claude Pélieu. Mai 1991. |
Huit lettres de Claude Pélieu
Cher Bruno,
Merci pour le magnifique voyage. Céloche, mon seul écrivain, avec Genet, Paraz, William, Morand parfois, ah, sublime. Merci mille fois, mais tu n’as pas besoin de te ruiner. Je crois que les expos en France vont se réaliser. Et tu verras un jour les grands boulots avec Mary, et mes palissades. Je bosse sur des livres-collages instantanés désormais. Plus de toiles, que des albums – et ça gicle au nadir-zénith. Michel Collet va te contacter. Tu pourrais peut-être montrer tes collages un de ces jours. Fonce ! Vas-y ! Je t’ai dit, retour salingue de l’hiver – 40 jours sans cloper. Un vrai Carême, ça y est, j’ai gagné. Mille bonnes choses à toi et à ta famille.
Claude Pélieu
En 1992, Claude Pélieu et Mary Beach habitaient à Cooperstown, NY.
Céloche, alias Louis-Ferdinand Céline, l’auteur du « Voyage au bout de la nuit » ; il s’agit ici de la version illustrée par Tardi. William est William Burroughs, que Claude et Mary Beach ont traduit en français, notamment la fameuse Trilogie cut-up (« La Machine molle », « Le Ticket qui explosa » et « Nova Express »). Michel Collet et Valentine, artistes multimédia, sont des amis français.
Cher Bruno
Un mot vite. Voilà ce qui nous préoccupe le plus, quel choix de timbre pour Elvis ?
Je ne sais pas ce que le proche futur nous réserve.
Quelles migrations ?
Quelles directions ?
Quelles réalités socio-économiques ?
Je pense que Michel Collet t’a écrit. Lui et Val sont super.
Daniel Giraud aussi.
Michel Bulteau – tu dois connaître son travail (génération « Électrique »).
Joël Hubaut – lui simplement génial.
Charles Dreyfus – Flux-Ping Pong.
Arnaud Labelle-Rojoux, revue Loques.
Julien Blaine – ancien Docks et tout ça.
Je ne peux pas faire un Bottin ---- Il y a en mai une expo de Jean Dupuy, Ypudu, anagrammiste, performer, super mec – tu devrais y faire un saut – Je pense avoir donné ton adresse à Elvire.
Il fait beau. Un peu frais encore. Nous allons pouvoir ouvrir toutes les fenêtres, et Mary pourra faire quelques gravures et monotypes.
Terminé toutes les grandes toiles-collages. Et les palissades. Je pense que Michel a quelques photos, il te les montrera. Je n’en ai plus.
Je t’ai dit, ici plus de galerie – pendant 6 ans nous avons été mal représentés, escroqués, salopés, volés – pas doué en affaires le mec – bref, nous repartons à zéro – personne ne s’intéresse à ce que nous faisons, Burroughs un peu, par gentillesse et gratitude sûrement – enfin voilà – tout d’un coup tu te sens à l’écart, vraiment d’une génération effacée, si tu veux bosser avec des mecs de 20 ans, vidéo, réalité virtuelle, ils trouvent ça suspect – tu te sens un peu comme les survivants constructivistes, comme Rodtchenko, seul – en fait ici c’est un peu comme ça, aussi bizarre et contradictoire – bref, je digresse, je déconne sûrement – je vois que l’écu existe vraiment – ça doit faire chier les Boches, enrager les Anglais – bon, rideau – ton enveloppe super.
Fais-tu de grands collages ?
Toiles ? Bois ? Papier ?
Assemblages ? Photomontages ? Mixant peinture encre film images sons bruits ?
À propos merci pour le petit texte dans Ouest-France.
Après Poitiers, malgré tous ses efforts, Hervé B semble découragé, écœuré – les étudiants ne savaient pas qui était Kerouac, pensaient que cette brave andouille de Dylan était un folkie des années 20, etc. etc. ---- ouais, les cons instruits de demain, lavés de logiciel, programmés.
Bon, voilà, je t’avais promis une lettre – à côté de la question, suis tombé dans l’trou du souffleur.
A toi, Claude
La lettre contenait un projet de deux timbres à l’effigie d’Elvis Presley, pour lesquels on demandait aux Américains de choisir. Elvire Allerini possédait une galerie d’art à Caen, où elle a exposé les collages de Claude Pélieu et les peintures de Mary Beach. Hervé B. est Hervé Binet, un ami pélieusien de Caen.
Fin juillet 92, USA
Mon cher Bruno
Ta lettre de Paris – vite un mot – je n’ai pas vu Ted J depuis 1959 – et entre-temps, parce que nous n’avons pas eu le temps de traduire ses poèmes après ceux de Joyce Mansour, il a développé une haine sordide envers Mary et moi – beuh, enfin – Carl S, eh bien je ne l’ai pas vu depuis 86 – il est OK, dans le Bronx, il avale ses valium, et a hérité de la fortune de son oncle (Ace Books) ----
L’arthrite ? eh bien c’est permanent, une forme douloureuse, déformante, liée au diabète et aux troubles vaso-vasculaires – je marche souvent avec une canne – ça empire tous les jours – et je ne sais si je ne serai pas totalement handicapé ---- Chirurgie ? et alors – remplacer chaque jointure, clonage hallucinant, ne plus souffrir ou ne plus rien faire – un peu comme Dufy, bref, n’en parlons pas.
Quand tu seras de retour tu trouveras 2 enveloppes avec plein de trucs – je t’ai dit dans mon avant-dernière lettre ----
As-tu vu Yves Buin ? (il est très lié avec Ted J et Alain Jouffroy et André Velter) – un mec super – médecin (psychiatre), et son livre sur Monk est un chef-d’œuvre.
Paris ? Ah, j’ai oublié – Mary pas – elle a vécu 37 ans en France – toute la guerre, avant et après, jusqu’en 68 ---- J’ai tout oublié, les noms des rues, le langage streets cafe, tout ça ---- si tu repasses par Caen vois Elvire, pour jeter un œil sur les nouveaux trucs.
Un copain me photographie ma boîte-collage, 88 folios – je crois la meilleure production – tu verras – si je te confie un tirage pourras-tu le transmettre à Elvire ? – ce serait un album, format Skira, 25x30 cm, tout en couleur – emboîtage noir – titre : Collage, tout simplement.
Pour l’instant nous avons 1 205 problèmes à résoudre, je t’épargne les détails – comment les choses ici vont-elles tourner ? Mal c’est évident, ou trop bien, ce qui est pire ---- À part Yves Buin, Dieu sait pourquoi, j’ai oublié de te donner les adresses de 3 ou 4 bons potes à Paris.
OK pour l’expo donc, ne t’en fais pas si tu ne peux pas tout montrer – j’ai fait ça d’avance parce que je pense à autre chose, n’étant sûr de rien & je crois que tous et toutes t’enverront quelque chose ---- Ce serait quand même bien si tu pouvais faire un catalogue « historique », ou des jeux de cartes postales – Xerox laser, c’est pas cher, et ça circule très vite, partout. Ceci n’est qu’une suggestion.
Les stars du base-ball sont là avec les fans, obèses et gueulards – des éclairs fulgurants de connerie illuminent le village (2 500) qui a du mal à absorber 300 000 et plus connards et leurs véhicules – Dès octobre tout sera calme, sous le givre, et puis la neige et la glace pour exorciser tout ça.
OK, à bientôt te lire.
Mille bonnes choses de Mary.
Et de moi, et aux tiens.
Claude
Ted Joans est un poète américain qui a vécu à Paris. Carl Solomon est le dédicataire du « Howl » d’Allen Ginsberg ; Claude et Mary ont traduit en français son « Mishaps, perhaps ». Le livre de collages sur lequel Claude Pélieu travaillait et les suivants n’ont jamais trouvé d’éditeur. L’expo dont il est question a rassemblé 320 mail-artistes du monde entier sur le thème (pélieusien) de « La rue est un rêve » (catalogue « Les rues rêvées de Claude Pélieu », 1993). Le village de Cooperstown, NY, devient le « temple » du base-ball en juillet.
August 92, USA
Cher Bruno
L’ouragan va remonter jusqu’ici, orages, vent, etc.
Ah, vite un mot pour te remercier pour ce livre – as-tu contacté Michel Collet et Valentine ? Hervé m’a téléphoné et m’a dit qu’il t’avait « écrit » - pourquoi écrire quand il y a téléphone fax-machines videodeck etc. ?
Après la folie palissades et toiles nous travaillons tout petit – et nous envisageons même de tout laisser tomber – je ne vois plus personne – pire que Raoul Hausmann à Limoges – ha ha hi hi ho ho !
En tout cas, après l’arnaque poème et prose, les Français décrochent le nougat napalmisé, je crois que je ne vais plus rien envoyer, sauf à Elvire – Clandestin de plus en plus, discret, silencieux, pas artiste pour une piastre ! ah ! de Dieu !
Mille bonnes pensées et mille milliards d’enveloppes,
Claude
Cher Bruno, merci pour ton magnifique collage – il est au mur. Sympa les photos, Hugo ressemble à Parker Kaufman quand il avait 4 ou 5 ans – jadis, naguère. J’espère que ton expo sera OK. Plein d’ennuis de santé pour nous deux. Affreux. On paie, cash. Peu de temps pour écrire. À plus tard. Mille bonnes pensées.
Claude
Hugo est le fils (âgé alors 3 ans) de Bruno Sourdin. Parce que tous deux sont métis, Claude Pélieu le compare au fils de son grand copain le poète de San Francisco Bob Kaufman ; la photo de Bob et de son fils Parker illustre d’ailleurs l’édition française de « Solitudes ».
Cher Bruno,
Ah, je n’ai pas encore les photos du livre Collage, mais j’en ai mis un autre en route, L’Ouverture de la chasse, collages minutieux, hyper-surréalo-flippés. Ces trucs-là et dé/collages, c’est quand mes doigts ne fonctionnent pas, comme aujourd’hui par exemple. Oui, Hervé doit venir, je vais lui filer pour Elvire une série de boulots assez grands, avec Mary, huile/acrylic et collages sur papier japonais très lourd et « museum boards ».
Toutes les galeries ont fermé, à NYC, les plus prestigieuses ferment, même les célèbres ventes publiques. Totalement clandestins, crapahutant dans le désert culturel et la jungle électronique. Bon, tu le sais. Dans quelques jours les grandes toiles et les palissades vont être mises en storage, dans une cave voisine, pour l’éternité. Désormais petits formats, choix volontaire, plus les « raisons » espace, santé, etc.
Je crois que l’énergie d’Hervé va s’étioler sans signe avant-coureur. Tout n’est que resucée, déjà-vu et entendu all over again & again – ou si bien empaqueté par les bureaucrates de l’industrie Kulturelle que ---- oh, merde, n’en parlons plus.
Ton collage est au mur entre deux Wendy Kurahara, Bill Ray, Ray Johnson, Jean Dupuy et Hubault – Merci encore – tu devrais plonger, c’est le seul collage de qualité reçu de France depuis 20 ans, et même tes enveloppes – si tu voyais ce que les mecs m’envoient ! ? ! ? ! après leurs merdiques poèmes et proses, ils se sont tous mis au collage.
Déjà l’automne, précoce, les érables rougissent. Les touristes expulsent leurs graisses.
Voilà, à toi,
Claude
Ray Johnson est le père du mail art. Bill Ray et sa femme Wendy, des amis artistes d’Oxford, NY.
Mon cher Bruno,
Ah, voilà l’histoire : je t’envoie les deux sets de photos de mes livres d’artiste (euh) ---- Collage, L’Ouverture de la chasse. Tu les visionnes (si tu n’aimes pas tu me dis). Dès que j’aurai les photos de Détrompe l’œil, je te les file air mail. […]
Tout ça est quand même différent, toiles, notebooks, Xerox Blues, etc. ---- J’suis pas intelligent, j’bosse comme Monk ou Steve Lacy, Gloria Lasso et Coluche ---- c’est simple ---- bon, OK, encore une journée de flip.
Mary est vraiment touchée par le travail que tu as fait, et je tiens à remercier tous et toutes qui ont « ready made-aidé » à produire cet ours, superbe ---- […]
Depuis mon arrivée à Cherry Valley, j’ai fait et défait une quarantaine de petites toiles et une quinzaine de compositions sur carton – la peau du collage, la peau du langage, l’infirmerie du vide ---- zen and now ! zazen dans l’métro (que j’ai jamais pris) ----
En tous cas ne mélange pas les reproductions – elles sont sous plastic – quand à la composition, à part les couvertures et les dos de couverture c’est à toi de voir ---- avec ces 3 livres « d’artisse » je conjure l’esprit de catastrophe et l’empire de la violence ---- c’est aussi un peu beaucoup un hommage à Erro, John Heartfield, Hannah Höch, Kurt S, Julia Popova, Valentine Hugo, Roland Penrose, Prévert bien sûr, et à tous ici, Harry Smith, Jack Smith, Robert Mapplethorpe, Patti Smith, Cage, etc. etc. etc. ----
Une lettre un peu conne, sordo sentimentale, mais que veux-tu, j’peux plus rien écrire, je préférerais te FAXER tout ça – et la couleur d’après Paul Bley est pour dans 2 ans ---- à propos il sera en Normandie en mai, série de récitals, partout en Europe – il est crevé avec toute cette pression, avion, train, hôtels, et le fait de ne pas être capable de doubler les regardeurs-auditeurs – c’est vachement dur, il est un peu plus âgé que moi, 63-64 ans ---- […]
Et puis toi
tu dois te faire connaître ---- tiens j’ai composé un notebook avec tes cartes postales
Bises à vous tous
Claude
« L’ours » dont parle Claude Pélieu est le catalogue « Les rues rêvées de Claude Pélieu » réalisé par Bruno Sourdin pour une exposition de mail art à Équeurdreville et Saint-Lô. Kurt S. est bien sûr Kurt Schwitters. Le pianiste Paul Bley a joué au festival Jazz sous les pommiers de Coutances, en trio avec Jimmy Giuffre et Steve Swallow, le 20 mai 93.
Cherry Valley, USA (gés), le 17 mai 93
Mon cher Bruno
Une idée après ma lettre du 16 à propos des livres d’artiste. J’en prépare un 4e : Le futur n’est plus ce qu’il était.
Ce serait bien en format cahier d’art, livre d’art, genre Skira, couverture dure – et une édition moins chère en soft cover plastifiée – je t’ai dit, en fin de compte, facile à faire – et c’est le genre de livre qui se vend, pour des tas de raisons auxquelles il vaut mieux ne pas penser ----
Mais alors chez un éditeur friqué, qui diffuse et distribue en masse.
Il n’y a plus aucune raison de se faire chier saboter par les résidus de l’underground et les petites revues merdeuses.
J’ai bien sûr aussi les notebooks-collages, qui peuvent aussi devenir livres d’art – ça j’en ai un gros paquet – Hervé en a ramené quelques uns pour Cactus – mais tout ça est vaseux, flou, incertain, minuscule, et souvent mal foutu.
Tu sais tout ça. Tu as l’œil.
Pas de littérature – un texte de présentation court, clair, comme celui du catalogue. Vraiment OK.
Je ne vends rien. Mary non plus. Ce serait notre « ticket out » -- juste revenir avec les boulots récents et les gravures – et les petites toiles – d’abord payer nos dettes, le fisc est là : impitoyable.
Je n’ai pas l’intention de faire ça ici – d’abord personne ne s’y intéresse – et je serais attaqué par mille corporations magazines agences de publicité, etc., pour appropriation, détournement, et Dieu sait quoi encore.
C’est pour ça que pour les expos je me suis protégé avec le titre global : Public Domaine.
Je n’ai aucune nouvelle d’Elvire depuis le fiasco chez Jacques Donguy, et le super fiasco à Caen. Le reste, 23, me gonfle un peu – ça dure trop longtemps, et je n’ai plus rien à voir avec tout ça. Hervé le comprend peut-être, ou peut-être pas – il va vite apprendre, la porcherie qu’est le monde de l’art, l’étable et les lieux d’aisance que sont les éditeurs – the hard way my boy ! – en tout cas il dépense une énergie peu commune ---- ceci dit il est OK, 100 pour 100.
Donc cet été, après avoir fini notebooks, collages (dé-collages) et mixages sur carton, bosser sur Le futur, 4e volume.
Je passe sur fatigue, états de santé merdiques, emmerdes de fric et dettes – et ce pays est devenu un tas de merde, violence pauvreté racismes en tous genres stupidité corruption – ah faut voir les chiures superstars au Festival de Cannes, aberrant.
Voilà ce que je ne t’ai pas dit dans ma lettre datée du 16.
J’espère que vous êtes tous OK, que les mômes sont heureux, à vous deux donc, mille bonnes pensées
Claude
À la fin de l’année 1993, Claude Pélieu est venu s’installer à Caen pour 16 mois. Il n’a jamais pu faire éditer ses livres d’artiste en France.