Maurice Marie: bienvenue à l'Atelier DMM. |
Maurice Marie et Danièle Massu-Marie se sont installés, au début des années 2000, dans un ancien corps de ferme qu’ils ont retapé à Lingreville, une commune littorale du Pays coutançais. Tous les deux sont artistes et plasticiens et ils ont voulu offrir à leurs amis, pour une ou deux expositions par an, les superbes espaces de leur Atelier DMM. Le Covid est venu tout gâcher et ces expositions dédiées à l’art contemporain se sont arrêtées. Elles reprennent depuis mai 2025. Avec une exposition que le maître des lieux partage avec une artiste de Coutances au parcours singulier, Virginie Hervieu,
Maurice Marie et Virginie Hervieu travaillent l’un comme l’autre avec des matériaux qu’ils récupèrent. Virginie récupère la laine. Maurice, lui, utilise « des toutes petites choses qui traînent » dans l’atelier de Danièle, sa femme.
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"Des petites choses qui traînent dans l'atelier de Danièle" |
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Méditations du matin |
C’est ainsi qu’il fonctionne : lorsqu’il a trouvé un matériau, qu’il l’a récupéré, il le travaille jusqu’au bout, il l’utilise jusqu’à épuisement. Ce peut être du grillage, des branches d’arbre tordues, des petits morceaux de bois, des cartons vides qu’il a récupéré dans sa cave… Ici ce sont « des bouts de papiers qui traînaient dans l’atelier de Danièle ». Des bouts de papiers assez fins, qu’il déchire de façon très régulière et qu’il colore dans la déchirure avec des teintures textiles. Ne rien jeter, tout récupérer. Et le résultat est stupéfiant.
Virginie Hervieu est une artiste qui a travaillé pendant 25 ans à Marseille et qui est revenue s’installer dans la Manche, son département d’origine. C’est dans la ville de Coutances qu’elle a ouvert, à l’enseigne du « Poirier qui penche » (1), un atelier et un espace d’exposition où elle accueille des artistes qui, comme elle, opèrent « un retour aux sources après de nombreuses années passées ailleurs ».
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"Tisser, entrelacer, entortiller..." |
Son matériau de prédilection est la laine, des fils de laine qu’elle enroule et qui finissent par créer des formes simples et inattendues. « Tisser, entrelacer, entortiller, entremêler, enchevêtrer, nouer… Ces gestes silencieux et répétitifs m’auront accompagnée toute ma vie d’artiste, de femme, d’épouse et de mère. Je les connais sans les avoir appris. Ce sont ceux de ma mère, de ma grand-mère et de toutes les femmes avant elles. Ils me rassurent, me consolent, m’empêchent de pleurer. »
Dans tous ses travaux, il n’y a que de la laine. Pas de structure à l’intérieur, c’est la tension qui donne la forme. Et le résultat est très étonnant.
Virginie et Maurice n’ont pas travaillé ensemble. Ce sont leurs boulots qui se sont retrouvés et qui dialoguent. Des boulots montrés avec beaucoup d’espace sur les murs, pour une installation qu’ils auraient pu appeler « convergence » ou «connivence » mais qu’ils ont judicieusement baptisée « Porosité ».
Chez Virginie Hervieu, comme chez Maurice Marie, l’art se réduit à l’essentiel et c’est une aventure formidable, lourde de résonances. Une exposition qui protège, qui émerveille… et qui fait du bien.
(1) « Le Poirier qui penche », 42 rue Gambetta, 50200 Coutances. lepoirierquipenche@gmail.com
« Porosité », Virginie Hervieu et Maurice Marie, Atelier DMM, 19, rue de Chausey, 50660 Lingreville. dmmarie@wanadoo.fr
Des formes végétales et abstraites
Pour prolonger l’aventure, Danièle Massu-Marie a accueilli à Lingreville un artiste avec lequel elle se sent en réelle correspondance, le peintre caennais Pascal Casson, très proche de la nature lui aussi. Il travaille à des assemblages, à des installations de peintures de différentes tailles, c’est son signe caractéristique. Il utilise également des papiers de récupération. Il affectionne les formes végétales, les formes pures.
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Les travaux de Pascal Casson, proches de la nature. |
Danièle, qui a, comme lui, une prédilection pour le monde de la botanique, lui répond en inventant de nouvelles séries, à la fois proches et personnelles, toujours originales. Leurs œuvres se répondent et s’accordent.
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Danièle Massu-Marie. |
Réponse sur du papier cristal: une série avec des algues.
Dans la dernière pièce, Danièle Massu-Marie a demandé à Pascal Casson de présenter des gouaches qu’il n’avait pas ressorties depuis leur exposition à Marseille en 1999. Elle s’est accordée avec lui en reprenant une série de « fausses traverses de chemin de fer » qu’elle avait montrée à Coutances la même année : des fausses traverses en papier mâché grand format. « A l’époque, je travaillais entre le vrai et le faux. »
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Fausses traverses de chemin de fer. |
Bruno SOURDIN.
« Errances », Pascal Casson et Danièle Massu-Marie, Atelier DMM, 19, rue de Chausey, 50660 Lingreville. dmmarie@wanadoo.fr
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