Alain
Jégou, le poète lorientais, le tenait en grande estime et il n’oublia jamais de
lui réserver une place de choix dans les ouvrages collectifs qu’il consacrait à
ses amis d’Amérique, Kerouac City Blues,
Je suis un cut-up vivant… Le plus beau témoignage fut sans conteste le
dossier qu’il lui dédia dans Spered
Gouez, la revue de la Bretagne
universelle : Charles Plymell, écrivain de la Beat Generation. Traduits
par le poète belge Jean-Marie Flémal, les poèmes de Charley larguaient les
amarres.
Du Kansas
à San Francisco puis à New York, le poète du Midwest a passé le plus clair de
sa jeunesse sur les routes au volant d’une Chevrolet ou dans les boîtes de
blues et de jazz et les bars de nuit. Un vrai hipster. Il a chevauché des
taureaux et des chevaux indomptés à cru dans des rodéos. Il a bossé avec une
équipe de dynamiteurs, fait la récolte du houblon et des pommes, a travaillé
sur les docks et tâté de la prison à Wichita. Il a participé à un show de
cascadeurs à Holywood (« C’est ma mère qui conduisait »). Il a
beaucoup voyagé. Une vie hors normes, qu’il a racontée à Jégou dans cette
interview d’anthologie.
Charley
est né à Holcomb, un village du Kansas, à proximité de Wichita. Sa famille est
originaire de Bretagne (comme celle de Kerouac) et d’Ecosse. Comme il l’a
raconté à Alain Jégou, il a aussi du
sang cherokee dans les veines (« Ma grand-mère a connu la Piste des
Larmes »). Son grand-père avait un bureau de diligences dans un secteur
qui est devenu l’Oklahoma.
Lorsqu’il
débarque à San Francisco en 1961, la
ville va connaître un grande bouleversement. Charley y rencontre les poètes de
la Beat Generation, vit dans un appartement de Gough Street, où Allen Ginsberg
va aussi s’installer. Neal Cassady devient également un ami :
« J’avais rencontré Neal Cassady environ un an plus tôt chez une copine.
Je l’ai apprécié tout de suite parce que nous avions partagé des styles de vie
assez semblables dans les Etats du Centre, à savoir les bagnoles, les filles et
la benzédrine. »
Plus
tard, lui et sa femme, Pamela (qui est la fille de Mary Beach et la belle-fille
de Claude Pélieu), ont été les premiers éditeurs du Zap Comix de Robert Crumb et
des bandes dessinées de motards de l’illustrateur underground S. Clay Wilson.
Aujourd’hui,
ils vivent à Cherry Valley dans l’Etat de New York. Charley, qui a 82 ans, est
un rebelle irréductible, un « hobohémien », comme il aime à se
qualifier.
Mais quel
éditeur éclairé va enfin se décider à publier en version française les écrits
sauvages de Charles Plymell ? The
Last of the Moccasins, où il raconte sa folle jeunesse, est un livre culte qui
illustre parfaitement, dans un style foisonnant et frénétique, le grand
tourbillon de la vie.
Bruno
SOURDIN.
Spered Gouez N°15, Dossier Plymell, élaboré
par Alain Jégou (Centre culturel breton Egin, Ti ar vro, BP 103, 29833 Carhaix
cedex).
Dernière
publication en français :
Charles
Plymell : Apocalypse Rose,
traduit par Jean-Marie Flémal, aux éditions Lenka lente. www.lenkalente.com
Dernières
publications aux Etats-Unis :
Camposque virentis. Un superbe petit livre illustré,
publié par Cherry Valley Editions (PO
Box 303, Cherry Valley, NY 13320). Charley y raconte la vie de sa mère, Audrey.
The Book of Friends, Scenes from
Life on Gough Street,
par Glenn Todd, publié par Bottle of Smoke Press (PO Box 66, Wallkill, NY
12589). orders@bospress.net
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