23/12/2014
Pondichéry, le témoin et la roue
En levant la tête
Vers la mer
des jardins
monte l'odeur
de jasmin
et de vétiver
je lève la tête
et je vois les nuages
un à un filer
vers le large.
Dans le jour bleu
si simple est ma joie.
La grande danse sacrée
Lorsqu'elle danse la grande danse sacrée au crépuscule
et qu'elle tressaille du souffle de vie qui descend en elle
c'est comme si elle posait
ses pieds dans la poussière de ses pas
comme si le bras du bien-aimé
se portait autour de son cou
qu'elle appuyait
sa main sur son épaule
et qu'elle était en lui
comme il est en elle
et au-dehors d'elle
dans le coeur de tous les êtres.
Devant la porte
Je suis à la porte et je frappe
et c'est lui-même qui me tient la main
lui-même qui m'ouvre la porte
lui-même qui me chasse, lui-même qui me retient
lui-même la porte
lui-même le voyageur
lui-même le gardien
lui-même qui joue
contre lui-même.
Ce chemin est si difficile
Ce chemin est si difficile à se dessiner
et les dieux n'ont aucune hâte
le jeu du feu qu'il faut monter
défaite après défaite
n'est pas pour les faibles.
Patiemment le soleil s'enfonce
à cet horizon sans vagues
qui est beaucoup plus qu'une promesse.
Enfin nous respirons
Hier les pluies de la mousson sont arrivées
enfin nous respirons
le jardin sent bon
les esprits sont joyeux
la rumeur des tambours a résonné
tard dans la nuit.
Et voici qu'aujourd'hui
la lune brille d'un éclat singulier
on dirait qu'un vieux rishi
veille par ses austérités
sur le monde grisant des hommes.
Au palais de l'océan
Une mer sans rides
transparente et solide.
Un rocher de paix
puissant et frais.
La lumière bleue qui descend
au palais de l'océan.
Le feu a dévoré
Le feu a dévoré
la peau et les chairs
et la fumée
qui s'élève du bûcher
est parfumée
comme un être cher
qui est le feu
qui est le bûcher
qui est lapeau et les chairs
et qui est la fumée
qui porte les prières.
Flamme
Flamme
langue des dieux
célèbre ce sacrifice.
Feu
instant éternel
contient tous les êtres.
Or
ton visage de soleil
ton visage d'argile.
Bûcher
guide aux mille yeux
garde la porte sans clé.
En marche
Et maintenant
en ne pensant à rien
et en regardant
ce coin de terre
qui contient
tout l'univers
vers la frontière
de ce qui n'a pas de frontière
je sais que je suis en marche.
B.S.
(Extrait de Pondichéry, le témoin et la roue, carnet de route, Le Pont de l'Epée, 1987)
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